Résumé :
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Au-dessus de Mazel-de-Mort, lors-qu'on atteint le hameau de Maheux, commencent les hautes solitudes: les torrents disparaissent, les sources ta-rissent, les étendues tristes et sans ar-bres moutonnent à l'infini. Brûlant ou glacial, le climat confère à toutes les saisons quelque chose de sinistre et de menaçant voilà le Haut-Pays des Cévennes, terre huguenote. Les vieux meurent, les fermes sont aban-données les unes après les autres, les enfants quittent le pays: voilà son his-toire. Le père mort, Samuel, son frère, descendu à la ville, Abel Reilhan reste seul, dernier parmi les derniers habi-tants de ces landes inanimées; seul à piéger les grives ou à tirer le lièvre, seul à glaner les châtaignes ou à couper le bois mort, seul enfin à défier l'ingrati-tude du ciel et de la terre, du fond du puits qu'il creuse pour faire jaillir une eau qui n'existe pas. Provocation sin-gulière irrémédiablement vouée à l'échec, combat à l'image de celui qu'il mène contre cet épervier dont le tour-noiement incessant l'ensorcelle. Pari perdu d'avance: Abel mourra fou. Jean Carrière, qui connaît admirablement le pays qu'il décrit, nous rend perceptible l'atmosphère tragique d'une France anachronique qui meurt non loin de nous. Il le fait avec toutes les ressour-ces de ce lyrisme bien particulier que l'on trouvait déjà dans son premier roman, Retour à Uzès. Après Bosco, Ramuz, Giono, Jean Carrière s'affirme comme un nouveau grand romancier de la nature.
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